Faire pousser des légumes… Et une entreprise
mars 19th, 2015
La Presse
À l’heure où la nourriture se raréfie dans certaines régions du monde, où ses prix augmentent et où la popularité des engrais chimiques diminue, le contexte est idéal pour Inocucor.
Ce sont deux femmes, Ananda Lynn Fitzsimmons et la D
Margaret Bywater-Ekegärd, qui ont fondé l’entreprise en 2007. La première est une environnementaliste qui se décrit elle-même comme un peu excentrique et qui a appris la microbiologie par elle-même. La deuxième est une chercheuse et gestionnaire d’expérience, d’abord attirée à Montréal par l’industrie pharmaceutique.Pendant quatre ou cinq ans, elles ont conçu ensemble un processus de fermentation de micro-organismes « semblable à celui du vin ou de la bière » qui génère un produit organique permettant d’améliorer les rendements en agriculture, décrit celui qui est devenu président en avril 2014, Donald R. Marvin, un Américain originaire du Colorado.
Le premier produit de l’entreprise, Garden Solution, est vendu aux fermiers du Québec, de l’Ontario et, surtout, de 24 États américains depuis environ deux ans. Le chou frisé, les tomates, le brocoli et l’aubergine, entre autres, bénéficient de ses « pouvoirs », selon M. Marvin.
« Le produit est bon pour presque toutes les cultures, mais il faut l’ajuster un peu en fonction des espèces. »
En plus d’améliorer la production, le produit d’Inocucor permet de la devancer, ce qui peut s’avérer fort lucratif pour les agriculteurs.
« Si un fermier réussit à arriver sur le marché deux ou trois semaines plus tôt, c’est beaucoup de dollars, parce qu’il peut aller chercher des prix plus élevés. »
— Donald R. Marvin, PDG d’Inocucor
Inocucor entame aussi présentement dans une centaine de fermes sa troisième saison d’essais en vue de la commercialisation de la deuxième génération de son produit, en collaboration avec une autre entreprise québécoise, Axter Agroscience.
Cette deuxième version pourra n’être épandue qu’une fois pour toutes la saison et être mélangée à d’autres produits dans un seul et même épandage, ce qui devrait grandement faciliter la vie des agriculteurs, « qui n’aiment pas trop qu’on joue dans leurs champs », rappelle M. Marvin.
Si tout va bien, la commercialisation de ce deuxième produit devrait s’amorcer en 2016 et alimenter l’ambition de l’entreprise, qui compte présentement une vingtaine d’employés et espère en ajouter une quinzaine d’ici six mois.
S’il n’en tient qu’à son président, Inocucor pourrait faire son entrée en Bourse dans environ cinq ans et ainsi enrichir l’ensemble de ses employés actuels, qui sont tous actionnaires. Elle pourrait alors compter jusqu’à 200 personnes.
« Le remplacement des produits chimiques par des solutions organiques est très d’actualité dans l’agriculture présentement. Les six grandes multinationales du domaine y investissent beaucoup. »
— Donald R. Marvin
Inocucor a d’ailleurs recruté il y a quelques semaines le président et chef de la direction de l’une d’elles, Bayer CropScience, à titre de président indépendant de son conseil d’administration. Et pas plus tard qu’hier, c’est un ancien haut dirigeant de Monsanto qui se joignait à son conseil.
« S’ils viennent se joignent à nous, c’est qu’ils ont dû voir quelque chose de très spécial ici », note le PDG.
Dans les circonstances, est-ce qu’Inocucor pourrait devenir la cible d’une acquisition ? « C’est fort possible un jour, mais nous souhaitons bâtir une entreprise significative ici. Le talent scientifique disponible au Québec est exceptionnel, et nous avons une très bonne relation avec l’Université McGill. »
INOCUCOR
QUI
Les fondatrices Ananda Lynn Fitzsimmons et Margaret Bywater-Ekegärd, le PDG Donald R. Marvin et une vingtaine d’employés.
L’IDÉE
Un produit organique conçu par la fermentation afin d’améliorer le rendement des agriculteurs.
L’AMBITION
Créer de grands produits qui vont aider au développement d’une agriculture durable et une belle entreprise pour les employés et investisseurs.
ILS Y CROIENT ET Y ONT INVESTI DE L’ARGENT
Les fondatrices, des anges investisseurs (principalement de la famille et des amis), Cycle Capital Management et Desjardins Innovatech.